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Corrections for Correspondence X: 2817

TO JOSÉ DA SILVA CARVALHO

7 November 1821 (Aet 73)

Eh bien mon cher, tu l'as voulu me voici à la française.

Tu es mon fils bien aimé: mon esprit a engendré le tien. Il ne faut qu'une lettre telle que la tienne pour faire voir a quel point tu es celui que Rocha m'a depeigné. Mais - fi donc! 'Rocha (dites vous) se leve a midi'? Qui est-ce qui a pu vous dire celà? C'est une calomnie: il ne se leve qu'à une heure aprÚs.

Rocha me dit que chez vous il s'agit d'envoyer un particulier ici pour observer la maniere de proceder avec un Jury, et ensuite faire lĂ  dessus son rapport. Cette commission ne deplairait pas je vois Ă  Rocha: pour celĂ , je ne croirais pas que le Portugal pourrait fournir un individu qui put lui ĂȘtre comparĂ©. Vous voici, Dieu merci Ministre de la Justice: cela Ă©tant, c'est Ă  votre departement que cette affaire appartient: je lui donnerais toute l'assistance dans mon pouvoir et tous les avis qu'il voudrait avoir. Je le mettrois en relation avec des Avocats liberaux, pour qu'il eut explication de ce qui se passe. Je lui ferois voir le dessous des cartes. Je lui ferois connoitre quelqu'uns des hommes les plus intelligens qui ayent servi dans les JurĂ©s: il connoitra par lĂ  ce que se passe dans l'enclos: scene ou l'oeuil d'un homme de loi, soit Juge, soit Avocat ne sauroit penetrer. Je ferois mon possible pour qu'il se trouvĂąt a son aise dans les salles, disons plutot dans les cabinets, d'audience. Par devant un Jury, on plaide a huis ouverts: mais dans les tribunaux les plus marquants l'emplacement est si petit, que lorsque les gens qui y ont affaires sont placĂ©s, assis ou mĂȘme debout, a peine y a t'il place pour quelques autres moyennant finance! Outre son savoir et son entendement il a pour lui les 8 annĂ©es qu'il a passĂ© dans ce pays-ci. Un individu qui vint ici Ă  cet effet pour la premiĂšre fois ne sauroit voir autre chose que la superficie de l'affaire, et il ne vous rapporterait que des idĂ©es fausses et trompeuses. Les livres ne donnent rien de meilleur lĂ  dessĂčs: c'est un sujet sur lequel jusqu'ici on n'a rien vu qu'avec des lunettes formĂ©es par les interĂȘts particuliers et les prejugĂ©s. Il y a quelque tems qu'Antoine Arguelles Ă©tant alors Ministre de la Justice m'a ecrit pour avoir mes idĂ©es sur le Jury. Une telle demande est plutot faite qu'accordĂ©e. Ayant sur mes pauvres vielles epaules plus de mondes que n'en avait Atlas, je ne lui ai rien envoyĂ© encore hormis un livre imprimĂ© sur une petite partie de ce monde lĂ , le quel livre vous avez avec les autres. Cependant de tems en tems, en m'habillant ou bien en dormant et digerant et revant apres dinner, j'ai fait passer quelques idĂ©es lĂ  dessĂčs sur le papier Ă  travers la plume de l'un ou l'autre de deux forcats que je tiens dans ma galĂšre; et ce que je faisais invita minerva pour cet homme lĂ  je ferais pour vous mon cher fils avec un plaisir dont vous pouvez pas avoir des doutes.

Encore un mot pour Monsieur le Ministre de la Justice. De ce que m'a dit Rocha j'ai raison de croire que quelqu'un de vos deputés a eu dans ses mains une exemplaire de mon ouvrage invendu sur l'organisation des Tribunaux occasioné par le projet d'un Comité de Legislation de l'Assemblée Constituente de France. Dans ce tems là la Resolution etait passée que le choix des Juges, serait fait par la voye d'une élection populaire: trouvant cette voye etablie, et voyant que ceux qui etoient a portée de juger en etaient contents, je ne trouvais pas à propos de la mettre en question. Il y a déjà quelque tems que, me trouvant à mon aise, je me suis proposé cette question et la réponse a été ce qui suit. Pour tous les emplois de Juges, le pouvoir de placer appartiendra au Ministre de la Justice: pouvoir aux electeurs de chaque district judiciaire de déplacer leur Juge: mais sans prejudice au pouvoir du Ministre de le placer dans un autre district.

1. Pouvoir de placer, pourquoi dans un seul individu et non pas dans une assemblĂ©e du peuple? Raisons. 1. ResponsibilitĂ©. 2 CapacitĂ© de faire un bon choix d'abord, avant que l'experience a pĂ» fournir son temoignage. 3. ComprĂ©hension parfaite du tout ensemble des lois substantives auxquelles les Juges doivent donner execution et effet, et facultĂ© de pourvoir Ă  ce que les Juges agissent en cette occasion en concert, pour que les principes, l'esprit, et la maniere de proceder, soyent uniformes dans tous les tribunaux. Une assemblĂ©e populaire serait bonne pour dĂ©placer un Juge aprĂšs que l'experience a fait voir son incapacitĂ©, mais avant cette experience, elle serait tout a fait depourvue des donnĂ©es necessaires Ă  un bon jugement: quant il s'agit d'un DeputĂ© au corps legislatif, une reputation dĂ©jĂ  etablie pour les talens, les connaissances et la probitĂ©, pris en general, pourraient bien suffire: mais non pas, quant il s'agit d'un Juge dont les qualitĂ©s acquises doivent avoir un rapport particulier Ă  cette fonction. Plus le DeputĂ© est connu dans sa Province, et plus il a lĂ  dedans des relations, plus il est propre Ă  cette fonction: au contraire dans le cas du Juge il est Ă  souhaiter qu'il n'ait aucune relation du tout avec qui que ce soit: qu'il soit tout Ă  fait Ă©tranger dans le district ou sa fonction s'exerce: c'est pour lui le seul moyen pour ĂȘtre exempt de partialitĂ© et autant que possible, Ă  l'abri de tout soupçon de corruption aussi bien que de partialitĂ©. La partialitĂ© peut avoir lieu dans un Juge qui n'a pas dans le district aucune relation personelle: car elle peut avoir pour cause le parti politique, le rang, la naissance, la richesse, la religion, et autres causes de distinction qui s'Ă©tendent partout: la corruption Ă  peine peut elle opĂ©rer autrement que par le canal de quelque connaissance particuliere, Ă  la formation de laquelle le tems est necessaire: car pour qu'on s'entend pour celĂ  il faut de la confiance: le Juge le plus corrompu ne se mettroit pas facilement au pouvoir d'un inconnu. Ainsi mes Juges ne siegeraient pas plus que, disons, 2, 3 ou 4 annĂ©es chacun dans un meme district. Un pareil deplacement a lieu par autre cause dans l'Ă©tat militaire: et dans divers pays par une cause semblable dans le cas des Gouverneurs de Province. VoilĂ  encore pourquoi le choix ne doit pas ĂȘtre dans les electeurs de districte. De plus il y a inconvenient de ce que le pouvoir de placer et celui de dĂ©placer se trouvĂąt logĂ© dans les mĂȘmes mains. L'Amour propre, l'amour du pouvoir, l'orgueil et la soin de sa reputation, s'unissent Ă  entretenir dans un homme la desinclination de passer condamnation sur le choix qu'il a fait. Si le choix du Juge etait fait par l'assemblĂ©e du peuple dans un districte oĂč il avait ses liaisons, il se ferait par l'influence de quelque particulier, sous la direction du quel le parti dominant s'etait mis et l'incapacitĂ© du Juge pourrait avoir produit une grande masse d'abus, avant que ce meneur du peuple aurait pĂ» se resoudre Ă  laisser tomber son protegĂ©.

En Angleterre, ou il y a trois partis, bien prononces, chaque parti defend a toute outrance le malfaiteur qui lui appartient. En Espagne il y a déjà trois partis: les serviles, les Constitutionnaires, les republicains. Pareil etat de choses en France. En Portugal si vous ne les avez pas encore tous trois, vous les aurez bien tot. Ce n'est que dans les Etats Unis Anglo-Americains qu'il n'y a point de partis: il y avait les aristocrates appelles Federalistes, et les democrates appelles Republicains: mais depuis plusieurs annees le parti aristocrate n'existe plus.

Si la traduction de mes ouvrages s'achemine, vous voyez de quel importance c'est que cette correction se fasse. Si le deputĂ© qui possĂ©de l'exemplaire dont il est question vous est connu, peut ĂȘtre que vous aurez la bontĂ© de lui en faire part.

Selon Rocha il y a chez vous actuellement six Juges dans l'etat d'accusation pour corruption. Les fonctionaires sont partout ce que le systeme etabli les fait. Voici quatre moyens dont l'union vous garantiroit entierement de ce flĂšau. 1. Pouvoir de deplacement dans les mains du peuple. 2 LibertĂ© de la presse sans restriction pour donner avis des malversations: 3. PublicitĂ© parfaite de toutes les operations de la procedure. 4. Dans chaque tribunal, (le plus haut exceptĂ© ou non exceptĂ©) un seul Juge. Chaque Juge ajoutĂ© au premier, diminuĂ« la responsabilitĂ©, et avec elle le pouvoir tutelaire de la sanction morale soit populaire. Le blame ne sait pas oĂč se fixer. Autant de Juges autant de coteries, dont chacune pour defendre son partage; est obligĂ© a defendre tous les autres. Rocha me dit que la multiplicitĂ© des Juges est une des pestes sous lesquelles on souffre chez vous. Si, aprĂšs avoir un, dans chacun de vos tribunaux un Juge, vous en avez de reste, mieux vaut leur donner a chacun une pension pour ne rien faire, que mettre un d'eux dans un tribunal ou il y a dĂ©jĂ  un autre. A chaque tribunal j'attache non seulement une Partie publique, et un Avocat du Gouvernement du cĂŽtĂ© du Plaignant qui est aussi Avocat gratuit pour les Pauvres du meme cĂŽtĂ© tant au Civil qu'au Penal mais aussi un Avocat gratuit pour les Pauvres du cotĂ© du Defendant. Voila donc dans chaque Tribunal trois fonctionnaires legistes, en y comprenant le Juge. La masse des affaires juridiques etant essentiellement elastique, la provision faite pour celĂ  doit l'etre aussi. Cette provision se fait en donnant a chaque Juge le pouvoir de nommer constamment autant de deputĂ©s qu il lui plait. (Lui faisant son devoir en meme tems:) Il est civilement responsable pour chacun: ces deputĂ©s le public ne leur donne aucun salaire: ce seroit le moyen de les multiplier a l'infini. Leur remuneration consiste en exercise de pouvoir, facilitĂ© pour se distinguer, et esperance de succeder en cas de vacance. A le reserve de ce qui regarde la proposition de donner au Ministre de Justice le pouvoir de placer, tout ceci se trouve (je crois) tout au long dans mon ouvrage ci-dessus nommĂ©.

Croire remedier a la corruption des Juges a force de punition, c'est a dire en punissant la tres petite proportion de ceux qui ont ete assez maladroits pour laisser percer les preuves de leur malversation croire remedier par la a cette corruption en laissant l'organisation judiciaire et le systeme de procedure qui les ont fait ce qu'ils sont, c'est comme si on croyoit retablir de la viande pourrie en en ĂŽtant la vermine.

En Angleterre la corruption hormis celle qui s'exerce en faveur du gouvernement est trop exposĂ©e a etre decouverte par n'etre pas bien rare: malgre tous les embarras il reste de la liberte de la presse assez pour y obvier: un individu ne peut pas trouver acces au Juge pour le corrompre: la corruption en faveur du Monarque etc est constant et universelle, car il y a lĂ  profit sans danger: la partialitĂ© en faveur du rang, du pouvoir, de la naissance etc n'est que trop puissante: la partialite pour ou contre les individu ne se fait pas beaucoup sentir: elle est reprimĂ©e par cette partie du pouvoir de l'opinion publique qui s'exerce par le Bareaux. Portugais! Si vous n'avez pas le courage de sortir de la routine sur ce sujet, et de briser les chaines oĂč vous tiennent les gens de loi, ce qu'on appelle Justice sera faible et corrompuĂ« chez vous a tout jamais.

Avez vous vous autres Portugaises - avez vous besoin, d'un homme qui est propre a tout, pourvu que par rapport au genre humain, ce soit utile? Je m'en vais vous en indiquer un. S'il sera a votre portĂ©e, c'est ce que je ne sais pas: en tout cas ce n'est pas beaucoup d'encre perdu. C'est celui dont a mon insçu Rocha vous a fait (dites vous) l'eloge: et qui, dans le negoce au moins, doit etre plus ou moins connu a Lisbonne. Il n'a que 28 ans: et dĂ©jĂ  il connoit tout, il fait tout, et tout ce qu'il fait il le fait bien. Toutes les langues de l'Europe lui sont familieres. Il a passĂ© plusieures annĂ©es en Espagne. L'Espagnol est pour lui une autre langue maternelle. Il parle, et ecrit en Portugais: le Francais, l'Italien, l'Allemand la langue Russe lui sont familiers; il a sejournĂ© quelque tems a Petersbourg. Il n'y a que quelques mois qu'il a publie en Anglois un ouvrage composĂ© d'echantillons des Poetes les plus marquans de la Russie, traduits en Anglois, precedĂ© d'une Vue generale et des plus instructives de la literature Russe. Cet ouvrage a eu un grand succĂšs. BientĂŽt elle a etĂ© a la seconde Edition. Il est sur un pied d'intimitĂ© avec les hommes les plus marquans, les plus intelligens, et les mieux intentionĂ©s, dans le Cortes d'Espagne: c'est par exemple a ses entretiens avec le Comte de Toreno a Paris qu'est due l'invitation Ă  ce petit travail, dont l'execution a du donner a M. le Comte tant de peine. Nos principaux ouvrages, tant en Anglois qu'en Francois, lui sont familiers. je ne connois qu'un trĂšs petit nombre de personnes, qui seroient aussi capables que lui, de leur donner application et continuation. Il est actif, infatigable au plus haut degrĂ©: meilleur coeur n'a jamais existĂ© et n'existera jamais: il paroit devoir te convenir par ce cĂŽte lĂ , mon fils. Vous m'avez appellĂ© Citoyen du monde, vous autres, et je le suis: mais je ne le suis pas plus que lui. Hormis la Guerre, et ce miserable systeme de mensonge autorisĂ© de fourberie et de pillage dont on souille ici la nom de Justice, il n'est point de department de notre gouvernement ici, oĂč (en mettant a cĂŽtĂ© l'habitude de parler en public et les relations personnelles) il ne rempliroit pas la fonction de chef, mieux que qui que ce soit qui l'ait jamais rempli: bien entendu que s'il n'y avoit que celĂ , ce seroit dire assez peu de chose: dans les affaires, dans l'intimitĂ©, tout hermite que je suis, j'ai eu assez d'occasion de les connoitre; et d'une espece dont ceux d'Ă  present ont tristement degenerĂ©, tandis que le peuple, qu'ils regardent avec une melange de mepris et de crainte, s'ameliore.

Pour le Portugal, il n'a contre lui qu'une brochure heretique nouvellement publiee, laquelle porte mon nom aussi bien que le sien. Observations on the Protective and Restrictive system etc Ce qui en est a moi, il l'a trouvé dans quelques feuilles que je lui faisois voir, destinés a faire partie d'un ouvrage sur la relation de Mere Espagne avec fille Ultramaria: il s'est jetté dessus comme un epervier sur sa proye et le resultat est devant le public. Rocha avec son orthodoxie l'a refuté, et sans doute de la belle maniere; maniere dont, faute de mieux, et de savoir dans la langue, je n'ai pu prendre connoissance: aussi doit il avoir bien triomphé; car je vois si vos decrets sont ce que disent nos gazettes, on a resolu de sceller hermetiquement le pays, et de ne rien acheter, c'est a dire ne rien vendre ailleurs. Le regle generale est de ne pas faire ce que on peut avoir a meilleur marché en l'achetant. Si votre patrie fait exception je l'en felicite, et non pas par voie de sarcasme, mais de bon coeur. Je soupçonne qu'il vous en a fait voir, ce qui en a eté a ses yeux le cÎté faible, en vous epargnant la peine de voir le cÎté fort: une traduction auroit été un peu plus instructive.

Revenons au jeune tĂ©mĂ©raire que votre heros a percĂ© a mon cĂŽte avec la meme flĂȘche. Il est cher a tous les individus ici qui font une occupation de la philanthropie agissante: heureusement il n'en manque pas ici tout a fait. Vous savez ce que c'est qu'un Panoptique: voilĂ  un homme pour en etablir a Lisbonne, pour en appliquer le principe a tout ce Ă  quoi il est capable d'etre appliquĂ© avec avantage: aux prisons pour punition, aux prisons pour sauvegarde, aux maisons d'industrie pour pauvres, aux maisons pour foux etc: enfin a tous les services de philanthropie qui n'offrent pas assez d'attrait aux ames ordinnaires. 'Rocha' (dites vous) 'en a fait de grands eloges': voila qui est bien: voila ce qui fait honneur a tous les deux: mais on ne risque pas en donnant des eloges a cet homme lĂ : il a autant d'amis que de connoisances: et il n'a pas - je le crois vraiement - un seul ennemi. Vous l'appellez mon Ă©leve. Disciple, oui: mais pour Ă©±ôĂš±č±đ il ne l'est pas plus que vous. Ce n'est que depuis un an, ou bien un an et demi, que je l'ai connu.

Enfin, et pour achever, Bowring ne ressemble en rien aux Anglois que vous etes le plus accoutumĂ© a voir chez vous - vous autres. Tout cela peut ĂȘtre vrai (dites vous) ou au moins une partie - et une partie peut bien etre assez - mais tout celĂ  Ă  quoi est il bon? Ecoutez: je m'en vais vous le dire Ce qui me l'a mis en tĂȘte cette idĂ©e, c'est la derniere lettre que j'ai reçu de lui, datĂ©e Madrid Oct. 10. Il me dit que la perte de Catalogne lui a causĂ© des pertes: il ne parle qu'en termes generaux mais il me dit que celĂ  l'a attristĂ© et qu'il a pris du degout pour le commerce. Voila donc peut ĂȘtre une occasion pour votre pays. En me quittant au mois de Juillet il m'avoit fait savoir que probablement il passeroit d'Espagne en Portugal, oĂč comme partout ailleurs il a des liaisons de commerce. Je ne sais si cette intention continue. S'il est en doute, peut ĂȘtre qu'un mot de votre part, si vous croyez que celĂ  vaudroit la peine, pourroit faire pencher la balance. Dans ce cas, il faudroit lui ecrire en droiture: sans celĂ  la lettre pourroit bien n'arriver qu'aprĂšs l'occasion perdue. S'addresser a Don Adam Weidman Vitoria, Espagne: et a cotĂ© pour Mr Jean Bowring. Sa lettre ne contient a ce sujet que la substance de ce que je viens de vous dire: il n'y est pas question ni de Portugal, ni d'aucune occupation nouvelle en particulier, si ce n'est qu'il en voudroit une qui lui laissĂąt quelque tems pour etre employĂ© au service du genre humain, comme jusqu'Ă  present il n'attend de moi ni ce que je vous ai dit, ni autre chose: je lui envoye instamment copie de ce que je vous ai ecrit a son sujet, et celĂ  lui fera ouvrir les grands yeux. Avant que j'eusse reçu sa lettre, je lui avois envoyĂ© pour le rejouir copie de la votre. Cette idĂ©e elle n'avoit pas pu alors Ă©tĂ© entrĂ© dans ma tĂȘte. L'Espagne ou il est un bien connu seroit pour ses talens un theatre plus etendu, et par lĂ  plus attrayant. Mais on y est suffisant la haut: on est jaloux: on n'a pas la bonne-hommie qui vous distingue tant, il vous fait tant d'honneur mes bons enfans: plus on l'estimeroit, moins peut ĂȘtre ils en voudroit. Mais celĂ  n'est que conjecture. Il ne dit rien la dessus.

Par cette mĂȘme occasion, j'envoye a Felgueiras, en sa qualitĂ© de Secretaire du Cortes, offre, en forme, de codifier pour votre pays. Les raisons, sur lesquelles cette offre s'appuye, sont dressĂ©es, et je compte les envoyer par l'ordinaire prochain. Je les retiens pour le prĂ©sent, comme il y en a tant, de peur d'en accabler votre pauvre Cortes. Vous verrez comme je cherche pratique. Je compte sur votre protection, Monseigneur. Si la drogue ne vaut rien, au moins, il n'y aura pas beaucoup Ă  redire sur le prix. Si l'on est d'accord, le payement se fera en bonne honneur comptant et la bonne part en sera pour toi, mon fils. Tu vois que cette affaire ne les oblige Ă  rien, nos souverains maitres, hommes a recevoir: la drogue reçue, ou en fera usage plus ou moins, ou bien on la jettera Ă  la voirie.

ApparĂ©ment vous avez entendu parler du projet du Code penal pour l'Espagne presentĂ© par le ComitĂ© de Legislation du Cortes. Au mois de Septre. le Comte de Toreno qui etait Ă  Paris m'en envoya une exemplaire, avec une lettre par laquelle il demandait mes observations. Me voilĂ  ecrivaillant comme un enragĂ© et dechirant Ă  belles dents le pauvre Code. Je viens de finir ce carnage. Il y en a peut ĂȘtre pour deux cens bonnes pages en 8vo. Le tout va ĂȘtre imprimĂ© en Anglais, Espagnol et Français. Je me propose de vous en envoyer les feuilles Ă  mĂ©sure qu'elles sortent de la presse. Si je suis capable de fournir quelque instruction, mes bons enfans Portugais en tireront au dessus de leurs voisins: je voudrais pouvoir dire leurs freres. Ce Code lĂ  est pour moi une veritable trouvaille; c'est mon ange protecteur qui l'a fait faire. Par le canal de la Mission Espagnolle ici, j'avais fait l'offre de dresser une suite de Codes, formant un corps de Lois complets pour l'Espagne: reponse par le Ministre des Finances Canga Arguelles, parlant au nom du Septemvirat entier, appellĂ© Gobierno, disant, qu'on Ă©tait charmĂ© de cet offre, et qu'en consequence on l'avait fait passer au Roi. Peu de tems aprĂšs ce Gobierno s'Ă©vanouit, de la façon que vous savez mieux que moi. Vous pourriez bien vous imaginer si cette correspondance Ă©tait du goĂ»t du ComitĂ©. Leur ouvrage parut. L'extrait que vous verrez en caractĂšres imprimĂ©es, pourrait servir pour vous donner une idĂ©e de ce qu'on en pense chez eux. Il est tirĂ© d'une lettre de Mora, personage qui, de reputation au moins, ne peut pas vous ĂȘtre inconnu: et, puis cela j'ai reçu d'autres lettres d'un particulier qui voit tout qui est quelque chose Ă  Madrid et qui certifie que la condamnation est unanime et que tout le monde dit que ce Code ne saura passer. Le pauvre Comte de Toreno en a bien hĂŽnte: on m'assura qu'au moment oĂč il en mettait l'exemplaire dans la main de l'individu qui devait me le faire passer, il rougissait. Tout en les dechirant, je n'ai pĂ» m'empecher de sympathiser avec les pauvres gens, qui ont contribuĂ© Ă  donner le jour Ă  un ouvrage, pour lequel un sort tel que celui-lĂ  parait ĂȘtre destinĂ©: Ă  chaque ligne je me mets Ă  leur place: mais mettez ces cinqs hommes dans un des basins de la balance, et les douze millions de leur concitoyens dans l'autre, et voyez ce qui en resulte.

L'autre jour je reçus pour la premiere fois le projet du Code penal pour GenĂšve qui ayant passĂ© le ComitĂ© de Legislation va ĂȘtre presentĂ© au corps souverain du peuple pour recevoir sa revision. Je ne l'ai pas lĂ» cet ouvrage et je n'aurai pas le tems de le lire. On le dit fondĂ© sur les ouvrages que vous connaissez; mais vous savez que dans ces ouvrages lĂ  il n'y a point de Code, seulement un plan avec un Ă©chantillon d'un Code; et lĂ  oĂč je me suis arrĂȘtĂ© il leur a fallu s'arreter aussi. On s'Ă©tait addressĂ© Ă  moi par le canal de Dumont, pour que je leur dressasse un Code penal entier. Je leur avais mĂȘme fait une espĂšce de demie-promesse: mais je n'etais pas tout Ă  fait content de leur maniere de proceder, et les affaires de mon propre pays me presentaient un interet plus etendu et plus prochain: ainsi je les ai laissĂ©s faire. Pour me donner la force d'esprit necessaire pour une tel travail il me fallut un encouragement suffisant: cet encouragement vous me l'avez dĂ©jĂ  donnĂ© a moitiĂ©, et j'ecris presentĂ©ment pour en avoir le reste. Si vous me le donnez je me mets Ă  l'ouvrage, que vos voisins veuillent avoir quelque chose de moi, ou non.

Quant a mon offre, laquelle deviendra circulaire pour tous les gouverneurs liberaux, il me semble que chez vous autres, vous qui ĂȘtes si bien disposĂ©s, la reception en pourroit ĂȘtre faite peut etre par acclamation. Pour les autres pays il me l'a fallu appuyer par des raisons, que j'espere que chez vous on trouvera suffisantes: et, par voye de parenthese il y a mĂȘme lĂ -dedans des observations que je serois fachĂ© de savoir negligĂ©es. Cependant, attendu que chez vous, comme autre part, il y a des serviles, il m'a paru que dans le cours d'une explication aussi etenduĂ« et particuliere que celle dont il s'agit, il pourroit se trouver des choses, dont quelques uns pourroient prendre occasion de faire opposition, et exciter des cris de - A l'etranger! a l'heretique! etc Fermez les yeux! Bouchez les oreilles!

La separation a eu d'abord pour cause, celle indiquée dans ma Lettre aux Cortes: et puis est venue pour appui, la raison que je viens de vous dire.

Voyez comment je te prends pour confident mon cher fils que je n'ai jamais vu, et que helas! je ne verrai jamais. Mais cette confidence, ce que j'ai eprouvé de ta part, ne l'a t'il pas bien autorisé?

'Nous songeons maintenant' (dites vous) 'au Bresil.. Je souhaite que vous me communiqueriez vos idees sur ce sujet, qui me seront d'une grande utilité.' Tout volontiers, mon cher ami, et pour cela je n'aurois que de vous envoyer ce que j'ecris maintenant aux Espagnols au sujet de leur Ultramar: vous en prendrez ce qui pourroit vous convenir. Si mon calcul se trouve juste, cela sera achevé dÚs que la reponse de votre Cortes si il daigne m'en faire, me soit parvenue.

'Il nous faut de la Marine' dites vous. Eh bien, mon cher ami, voila sur quoi je pourrois peut etre vous ĂȘtre de quelque utilitĂ©. Je pourrois vous fournir un exemplaire d'un ouvrage officiel, ouvrage non public d'un homme de genie qui pendant plusieurs annĂ©es, a eu la surintendance du materiel entier de notre Marine - chantiers, vaissaux, armemens - enfin tout. Peut etre aussi que je pourrois, par occasion, vous procurer, de meme source, reponse aux questions que vous voudriez proposer la dessus. A propos de Diario, bien de graces pour le Volume que j'ai reçu; mais je ne sais pas a qui elles sont dues. J'en attends la continuation avec curiosite, et impatience.